Quiconque a déjà eu à le faire le sait déjà : le choix d’un nom, d’un logo voire des deux d’un coup, est surtout l’occasion de poser -et se poser- de graves questions sur les valeurs que l’on souhaite à un projet, les nôtres, son histoire comme celle de ses créateurs, des futures parties prenantes, les ambitions que l’on nourrit pour lui.
Bref, la partie immergée de l’iceberg que l’on est seul.e.s à connaître ET le message adressé au reste du monde.
L’ADN du projet ET cette connotation volontariste qui ensemble contribueront à déterminer son (glorieux, forcément) destin.
Et puis bien sûr, mieux vaut prendre quelques instants pour réfléchir à l’orthographe, la facilité de prononciation, l’équilibre graphique (mais les palindromes élégants sont rares)… Le tout sans jamais oublier de se faire plaisir, évidemment.
Dans le cas de Skavenji, point de rapport avec une marque de chaussures de course ou de mobilier scandinave ! Mais la question méritait d’être posée, et elle le fut. A de nombreuses reprises d’ailleurs, d’où ce petit billet.
Il devait évidemment y être question d’énergie, mais aussi d’humilité face à l’ampleur de la tâche et les moyens choisis : le recours aux low techs rime forcément avec une certaine modestie.
Il fallait marquer la différence avec la « grosse » énergie et son côté hors-sol, et rendre leur noblesse au « fait maison » et au système D.
Assumer le côté « déglinguos » que pourrait prendre la micro-production d’énergie dans un décor empruntant à Enki Bilal, et la fraîcheur et le dynamisme de l’innovation sociale.
Parce que l’ESS c’est cool, et parce que des petits ruisseaux détournés des poubelles, des décharges et des casses auto feront in fine de grandes rivières de mégawatts. Il y a en effet dans le projet l’idée que nous pouvons (et devons) tirer parti de cette multitude de petits gisements inexploités d’énergie : il est tout de même dommage que parte chaque année au broyage/recyclage l’équivalent potentiel de dizaines voire centaines de mégawatts low-tech, accessibles et dont l’empreinte écologique pourrait être très faible !
Pas évident, surtout après avoir pas mal joué avec les racines « ener » et « récup », et essuyé de cuisantes déconvenues chaque fois qu’une idée géniale avait déjà son .com, par exemple… Et puis débarqua un jour par la fenêtre le verbe anglais « scavenge », qui signifie justement « récupérer », « glaner » (et « scavenger » désigne autant le « récupérateur » humain que le « charognard » animal), et dont la circularité écosystémique faisait parfaitement sens. De plus, bingo : la fin était particulièrement raccord avec le mot « énergie ».
Comme les meilleures idées arrivent toujours hors connexion, il fallut noter fiévreusement la trouvaille et ses déclinaisons sur le premier bout de papier venu, avant de pouvoir vérifier la disponibilité du nom de domaine et le réserver aussitôt !